CE QUE LE TRES
DISTINGUE, TRES HUMANISTE, TRES CHRETIEN BOURGEOIS DU XX SIECLE
NE PARDONNE PAS A
HITLER, CE N'EST PAS LE CRIME EN SOI, C'EST LE CRIME CONTRE L'HOMME BLANC…
"Il vaudrait la peine d'étudier
cliniquement…les démarches d'Hitler et de révéler au très distingué, très
humaniste, très chrétien bourgeois du XX siècle qu'il porte en lui un Hitler
qui s'ignore… et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le
crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en
soi, c'est le crime contre l'homme blanc… et d'avoir appliqué à l'Europe des
procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les arabes d'Algérie,
les coolies de l'Inde, et les nègres d'Afrique"
(Aimé Césaire, écrivain et poète antillais)
Déportation, camp de concentration,
travail forcé, torture institutionnalisée, massacre, extermination: pour les
européens victimes des procédés colonialistes des nazis ou pour les
"indigènes" victimes du colonialisme des européens...où est la
différence? En Algérie, pour exterminer les familles fuyant les massacres, et
réfugiées dans les grottes, le général
Bugeaud ordonnait le gazage par "enfumades", Hitler, progrès
technique aidant, préférait les chambres à gaz…Martyr des habitants d'Oradour-sur-Glane
enfermés et brûlés vifs par les SS dans l'église de leur village, ou martyr de
ces paysans maghrébins enfermés et brûlés vifs par des soldats français dans
la mosquée de leur village...où est la
différence? Les atrocités du nazisme et
du stalinisme sont dans les manuels d'histoire…mais à l'école on tait encore
les crimes d'une certaine colonisation.
Il a fallu attendre mai 2001 pour
que la France reconnaisse la traite et
l'esclavage comme crime contre l'humanité, mais sans que soit mentionnés ni la
déportation ni le principe de réparation concernant, entre autres, les 12
millions d'africains déportés en Amérique dans ces camps de concentration que
furent mines et plantations. Combien de temps encore pour qualifier le colonialisme
de crime contre l'humanité?
Au XVIII siècle, en France, des voix
s'élevaient déjà contre "les droits du seul homme… blanc". Or,
bien après la Déclaration des Droits de l'Homme et l'abrogation de l'esclavage, Jules Ferry,
apôtre de la colonisation, déclare à l'Assemblée Nationale, le 25 juillet 1885:"La
consommation européenne est saturée: il faut faire surgir des autres parties
du globe d'autres consommateurs…Si la Déclaration des Droits de l'Homme a été
écrite pour les Noirs de l'Afrique équatoriale, alors de quels droits
allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? Ils ne vous appellent
pas…Les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. Elles
ont le devoir de civiliser les races inférieures… La politique coloniale est
fille de la politique industrielle."
Et Clémenceau, de l'interpeller: "Regardez
l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares, et vous y
verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à
flots, et le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur. Voilà l'histoire de
notre civilisation…Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures
contre les nations inférieures… n'essayons pas de revêtir la violence du nom
hypocrite de civilisation". A l'époque, un fort
courant anticolonialiste traversait l'opinion publique.
Après l'écrasement de la Commune,
l'histoire se met au service d'une "religion de la patrie, une
religion qui n'a pas de dissident"
(Jules Ferry, 10 août1881). L'école devient un formidable outil
d’endoctrinement de la jeunesse, un formidable outil de propagande au service
des puissances d'argent. Endoctrinés dès l'enfance, des générations de soldats
obéiront aveuglement aux ordres donnés par impuissance de conscience. Ainsi enseignée,
l'histoire masquera ou justifiera les
pires crimes du terrorisme d'état. Véritable zone de non-dits historiques, une
culture coloniale sous-jacente alimente encore aujourd'hui racisme et néo-colonialisme.
Dans les manuels scolaires, les
armées françaises n'envahissent pas, ne pillent pas, ne torturent pas, non! la
France ne fait que des explorations, que des
découvertes. La France étend son influence, elle s'installe… L'armée
fait des conquêtes, elle pacifie. La conquête, c'est la civilisation et
l'invasion, la barbarie. Préférer conquête à invasion, c'est camoufler par les
mots le crime perpétré par les armes. Masquer ces atrocités, c'est alimenter la
lepénisation des esprits après que le racisme ait légitimé le colonialisme. Au regard
des continents envahis et occupés par des européens "sans-papiers",
mais armés de fusils et de canons, Aimé Césaire rappelle que "l'Europe
est comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de
l'histoire".
Que la France déclare le colonialisme crime contre l'humanité. Qu'un mémorial soit
édifié à la mémoire des victimes qui, bien malgré elles, ont contribué à la
"formidable supériorité économique" des pays du Nord. Qu'une journée
de commémoration devienne une date à résonance universelle. Que soit reconnu le
principe de réparation comme cela est pour les victimes du nazisme. Mais pour
que cette compassion ne masque pas émotionnellement un questionnement
essentiel, encore faut-il que tout cela s’accompagne d’un enseignement
“ déjulesferrysé ” de l’histoire qui aide les enfants à comprendre
comment des gens "sans histoires" deviennent des bourreaux. D'un
enseignement de l'histoire qui aide à comprendre ce qu'est le terrorisme
d'états… voyous.
Pour les enseignants, c'est un
devoir envers les enfants.
Alain VIDAL, instituteur à Nantes
17 OCTOBRE…2002
5, avenue Louis
Vasseur 44 000 Nantes
vidal.mothes@wanadoo.fr
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